Thursday, April 22, 2010

Et si la crise papale relevait de la géopolitique ?


Mangouste - Wikicommons

Roland Hureaux se demande si au-delà des polémiques sur le pape, nous ne serions pas en train d'assister à un basculement géopolitique. Tandis que Moscou se rapproche de Rome, le monde anglosaxon entre en guerre contre la Vatican.

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Le bruit médiatique considérable qui a touché l’Eglise catholique au cours des mois passés, a été l’occasion d’un reclassement, passé relativement inaperçu, dont les conséquences géopolitiques pourraient être considérables.

On se souvient que dans La guerre des civilisations (1996), Samuel Huntington opposait la civilisation dite « occidentale », Amérique du Nord et Europe de l’Ouest, tant catholique que protestante, à la civilisation « orthodoxe », Russie, Grèce, Serbie, etc., alors même que les différences théologiques entre catholiques et orthodoxes sont infiniment plus ténues que celles qui séparent Rome des différentes « dénominations » protestantes.

C’est cette césure qui pourrait aujourd’hui être remise en cause.

Le soutien de la Russie à l'église catholique

Qui n’a remarqué en effet, dans les tourmentes successives qui ont secoué la papauté : discours de Ratisbonne, levée de l’excommunication des lefévristes, prévention du SIDA en Afrique, mémoire de Pie XII, et qui ont culminé, ces dernières semaines, avec la question des abus sexuels de mineurs ( une expression que nous préférons à celle de « pédophilie », ce dont il s’agit étant à l’évidence de l’ordre de l’eros et non de la philia) imputés au clergé, l’appui sans faille de la Russie à la papauté ? Tant celui du patriarcat de Moscou que du gouvernement russe.

Qui l’eut cru? La Pravda, elle-même, jadis organe du parti communiste, dénonce les « attaques déloyales » contre Benoît XVI.

Les faveurs dont son prédécesseur polonais n’avait jamais bénéficié, n’ont pas été marchandées au pape allemand.

L’étonnant « pèlerinage » du chef de l’Etat russe à Notre-Dame de Paris, pour vénérer la couronne d’épines que Saint Louis y aurait ramenée, s’inscrit dans la même volonté d’ouverture au monde catholique.

On dira que tout cela est politique. Bien entendu. Mais les grands événements de l’histoire religieuse, de la conversion de Constantin et de Clovis, au schisme de 1054 entre Rome et Constantinople, du ralliement des princes allemands à Luther au Concordat de 1801, ne furent-ils pas tous politiques?

Le monde anglo-saxon , épicentre des attaques contre le pape

A l’inverse, qui n’a aperçu que les attaques les plus virulentes contre le pape sont parties du monde anglo-saxon ? Le New York Times s’est trouvé à cet égard particulièrement en flèche? Des scientifiques anglais et américains voudraient même déférer Benoît XVI devant la Cour pénale internationale ! Au cœur de l’affaire Williamson on trouvait déjà le Spiegel, reflet d’une Allemagne protestante qui, quoique sécularisée, demeure anticatholique.

Il faut bien le dire : la France, dont l’anticléricalisme fut longtemps proverbial, s’est trouvée dans la plupart de ces affaires, en position de suivisme, les organes de presse les plus remontés contre le pape étant ceux dont la ligne pro-atlantique est la plus affirmée, les mêmes qui, par exemple, criaient le plus fort haro sur les Serbes il y a dix ans.

Sans doute les Etats-Unis sont-ils loin d’être unanimes sur la question religieuse. Deux blocs s’y affrontent avec une rare violence, principalement sur la question de l’avortement. Mais New York demeure l’épicentre du milieu WASP (white anglo-saxon protestant), qui domine la sphère occidentale depuis au moins un siècle et où l’on nourrit depuis le XVIIe siècle une solide animosité à l’égard de l’Eglise romaine.

Tout au long de la guerre froide, cette hostilité avait été rentrée, l’Eglise catholique apparaissant à partir de 1945 comme un allié objectif contre le communisme. Dans les quinze années qui ont suivi la chute du rideau de fer, Jean Paul II , polonais élu en 1978 a encore bénéficié de cette bienveillance. C’est peut-être la raison pour laquelle, il fut si timide dans la condamnation de la guerre de Yougoslavie.

Vers un nouveau paradigme

Par rapport à ce schéma, il est clair aujourd’hui que les temps ont changé.

De même que les Etats-Unis supportaient de moins en moins la « différence » française et ont trouvé en Nicolas Sarkozy un agent efficace de normalisation -, tout se passe comme si une partie du monde anglo-saxon supportait de moins en moins la « différence » catholique.

Au sein de l’Eglise catholique elle-même, certains se demandent si elle a, la menace communiste passée, encore beaucoup à gagner à demeurer intégrée à une sphère occidentale où elle se trouve de plus en plus marginalisée. Dès lors que l’Europe commence à basculer, au XVIIIe siècle d’abord, puis, de manière définitive, à partir de 1815, vers une prééminence culturelle anglo-américaine, et que, de manière souvent inconsciente, les Européens ont intégré que la modernité sous toutes ses formes vient du Nord-Est , les pays de tradition catholique ne sont-ils pas devenus les « cousins de province » ?

Une marginalisation non seulement géographique mais historique : dans le même imaginaire, l’histoire moderne se réduit à une cascade d’ émancipations, qui commence avec la réforme protestante, se poursuit avec les Lumières ( françaises mais déjà très anglophiles) et s’accomplit dans l’univers libéral-libertaire , la tradition catholique n’apparaissant dans un tel schéma, que comme une survivance.

A l’évidence les signaux forts que Moscou a envoyés à Rome ne resteront pas sans effet. Les réponses du Vatican sont certes moins visibles que les avances du Kremlin mais qui ignore que le rapprochement si controversé avec les lefévristes, inséparable du souci de restaurer la liturgie, a pour arrière-plan la volonté de se rapprocher de l’orthodoxie, attachée à des rites encore plus anciens ? Si, comme beaucoup le pensent, la différence entre Rome et Moscou est plus politique que théologique, un grand pas aura été accompli ces derniers jours dans cette direction.

Le déchaînement croissant du monde libéral à l’égard de l’Eglise catholique est-il la cause ou la conséquence de cette évolution ? La crise actuelle est- elle le prélude à une remise en cause du schéma huntingtonien qui avait, jusqu’ici, structuré notre conception du monde , le début d’ une « dérive des continents » débouchant sur une nouvelle géographie des civilisations ? Il est à l’évidence trop tôt pour le dire.

Monday, April 19, 2010

Kyrgyzstan: Who Got Bakiyev to Run?


Kyrgyzstan: Who Got Bakiyev to Run?

Kurmanbek Bakiyev, the ousted president of Kyrgyzstan, is on the run. But where? And what role did foreign leaders truly play in his decision to flee in what was depicted as a heroic effort to prevent civil war?

We already know that one possible destination is Belarus, where President Alexander Lukashenko says
betrayal is loathsome, and that Bakiyev is welcome to a respectful reception in Minsk. I am told that two other options are Latvia, whose businessmen Bakiyev permitted lucrative control of Bishkek banks in partnership with his son, Maksim; and Turkey, which simply likes to be in the regional political mix.

Bakiyev’s embarrassing search for sanctuary validates
a suggestion a couple of weeks ago by former Kyrgyzstan President Askar Akayev, whom Bakiyev helped to oust five years ago. I last saw Akayev standing without bodyguards shaking hands in the audience of an opera in Moscow, where he had found refuge, but he said that Bakiyev had irritated so many people that he would find no safe home anywhere in the immediate region.

Moscow gave credit for Bakiyev’s departure to Prime Minister Vladimir Putin, who spoke with Bakiyev by phone last Wednesday. In an alternate version, Kazakhstan’s minister for foreign affairs, Kanat Saudabayev, last week
circulated a statement asserting that Bakiyev’s departure was the joint work of President Nursultan Nazarbayev, Russian President Dmitry Medvedev, and U.S. President Barack Obama.

I’ve been told by a U.S. official briefed on what happened that Nazarbayev collared Obama at a diplomatic reception at the Washington Convention Center during last week’s nuclear summit. The discussion turned to Kyrgyzstan, and Nazarbayev said, “Let’s get Dmitry in on this.” Nazarbayev proceeded to describe how he and Medvedev had decided together that Bakiyev's continued presence in Kyrgyzstan could lead to further violence, and that he -- Nazarbayev -- telephoned Bakiyev to say so. Nazarbayev suggested that he had offered Bakiyev a welcome in Kazakhstan. “Obama said, ‘Go for it,’” this official said.

The description is
reminiscent of the role played by then-U.S. Sen. Paul Laxalt in the 1986 flight of Philippines dictator Ferdinand Marcos aboard U.S. aircraft to sanctuary in Hawaii. In the midst of a popular revolt known as “people’s power,” Laxalt precipitated Marcos’s agreement to board a U.S. helicopter at Malacanang Palace with a phone call in which he is said to have advised the U.S. ally, “Cut and cut cleanly.”

A couple of observations: One notes that there is considerable evidence for a Putin voice, as
Andrew Kramer writes in today’s New York Times, since he caught all the region’s leaders flat-footed by immediately granting recognition to the new Kyrgyz government while Washington was still figuring out whether Roza Otunbayeva – the former ambassador to the U.S. – deserved its support. One imagines that, while the Obama-Medvedev-Nazarbayev exchange did occur, Putin’s voice was importantly in the mix as well.

Whatever the case, last Thursday, Bakiyev
boarded a turbo prop plane for Kazakhstan. One wonders whether he understood at the time that the Kazakh sanctuary was only temporary, in the same way that Marcos apparently was led to believe that he was traveling not to Hawaii, but to his native province of Ilocos Norte, where he planned to mount a rear-guard action.

There are critics who believe that Nazarbayev acted slowly and, as chair of the Organization of Security and Cooperation in Europe, could have done more. Sam Patten, who runs the former Soviet Union program at
Freedom House, a New York-based group that backs CIA proxy militia groups abroad....and intelligence gathering operations...., says Nazarbayev could have dispatched OSCE monitors, and instead left it to others such as Putin to take the early diplomatic lead. “The machinery of OSCE could have helped in many other ways, but one very much gets the sense he chose not to use it in his own backyard,” Patten said in an email exchange.

Thursday, April 1, 2010

Blog's crucial role....?



Crucial for Spreading Accurate Information

We've all seen it.

A story that bloggers have bird-dogged for many months, gaining so much traction that the mainstream media is finally forced to cover it.

David Steele - former 20-year Marine Corps infantry and intelligence officer, the second-ranking civilian in U.S. Marine Corps Intelligence, and former CIA clandestine services case officer - says that blogging is crucial for saving our country.

Dan Rather points out that “roughly 80 percent” of the media is controlled by no more than six, and possibly as few as four, corporations. As I wrote in July:

This fact has been documented for years, as shown by the following must-see charts prepared by:

***

This image gives a sense of the decline in diversity in media ownership over the last couple of decades:

The mainstream media are rabidly pro-war and refuse to disclose that many of the "independent" pundits they interview are actually lobbyists. The mainstream press has become lazy, and most of the stories are fed to them by PR firms.

People want change - that's why so many voted for Obama. But as Newsweek's Evan Thomas admitted:

By definition, establishments believe in propping up the existing order. Members of the ruling class have a vested interest in keeping things pretty much the way they are. Safeguarding the status quo, protecting traditional institutions, can be healthy and useful, stabilizing and reassuring....

"If you are of the establishment persuasion (and I am). . . ."

In other words, many editors, publishers, producers and reporters think of themselves as being part of the establishment class, and so do everything they can to protect those in power.

No wonder trust in the news media is crumbling.

On the other hand, as I wrote a year ago, it is possible to get direct-from-source news on the web:

Many of the world's top PhD economics professors and financial advisors have their own blogs...

The same is true in every other field: politics, science, history, international relations, etc.

So what is "news"? What the largest newspapers choose to cover? Or what various leading experts are saying - and oftentimes heatedly debating one against the other?
And as award-winning investigative journalist Jeremy Scahill said recently:
I think we're in a moment where corporations are more dominant over newsgathering and news production and disseminating information than they've ever been.

Contrary to that, though, you also have this sort of "citizen journalism" rising up, where you have people that are staring their own blogs or their own web sites.
So the blogosphere is certainly vital.....